"Iambes" de novembre
Nous nous sommes connus aux brouillards de novembre,
Moi, de mon carcan prisonnier
Que m'avaient infligé des stratèges en chambre
Croyant bien me sanctifier,.
*
Toi, fille de bourgeois, de préjugés gorgée,
Soudain confrontée à l'amour.
Et quel amour, grands dieux! Dans la honte immergée:
Un gars sans loi, sans brandebourgs.
*
Nous nous prîmes bientôt à rêver de lagunes,
De Sud, de lacs et de palmiers.
Puis, le printemps venu, faisant fugue commune,
Nous voici sous les amandiers.
*
Nous nous sommes gavés des ardeurs tessinoises:
Mandolines, vin et chansons,
Bals champêtres, grotti, boccalini, cervoise,
Raisins rugueux, fleurs à foison.
*
Et puis soudain, voici venir la Ticinella!
Voici Cupidon et ses dards.
Elle a ses grands yeux noirs, bella come una stella!
Adieu, bon vent vers tes brouillards.
*
Nous nous sommes quittés aux brumes de novembre,
Moi de cet amour prisonnier,
Toi, fière dans ton deuil, translucide comme ambre,
Victime d'un jeune épervier.